TÉRAMA #2 Hanrom chapitre I

ÉPOPÉE D'HANROM

 CHAPITRE I

 Dans les plaines du Gérida situées au centre d'Ildara, vivaient quatre tribus: Trall, Shrall, Crall et Scall. Le chef des Scalls allait avoir un enfant dans peu de temps et il espérait que Gal­box  ne rafraîchirait pas trop le temps, car il ne voulait pas que sa descendance meure de froid juste après l’accouchement. Hanrom attendait devant sa maison en bois, il avait un collier de barbe, les che­veux blonds mi-longs et une cicatrise barrait son oeil droit recouvert par un ca­che oeil en cuir. Soudains des cris étouffés parvinrent à ses oreilles. La porte de sa demeure s’ouvrit en grand et la doyenne du village sortit avec un petit paquet de langes dans ses bras.

 -C’est un garçon, dit elle.

 Elle avait le visage tout ridé, portait un châle blanc ainsi qu'une robe en coton. Hanrom se retourna et sourit. Il s’approcha de la vieille femme et saisi son fils. Une petite tête joufflue sortit du paquet.

 -Bienvenu mon fils, bienvenu Camaraga­n.

 Ses yeux scintillèrent. La doyenne n’osait pas déranger le nouveau père et gâcher son bonheur, mais elle devait lui dire. Malgré sa bonne volonté, elle ne parvint pas à sortir un mot. Hanrom sentit que la vieille femme avait quelque chose à lui dire et se tourna vers elle. En voyant son air contrit, il comprit. Il lui remit l’enfant et se précipita dans sa maison. Il vit sa femme étendue sur son lit et les larmes lui vinrent. Elle était tellement belle et tellement jeune. Elle fixait le plafond et le temps s’emblait s’être figeait autour d’elle. Hanrom voulut s’approcher, mais la doyenne lui retint le bras.

 -Laisse Mercrédios finir son travail!

 Un gigantesque serpent ailé aux écailles rouge sang et aux cornes incurvées apparut au-dessus du lit, vola en cercle et l’âme de la femme de Hanrom s’extirpa du corps.

-Laisse la ! S'écria Hanrom.

 Le dieu avala l’âme puis saisit le bout de sa queue et s’avala jusqu’à disparaître complètement. Hanrom tomba sur ses genoux, se tint la tête entre les mains et gémit. La doyenne vint le relever.

 -Allons, allons, ne versez pas tant de larmes, en tant que nouveau chef de notre tribu, vous vous devez d'être fort. La guerre est à notre porte, ce n'est pas le moment de fléchir. Il nous faut continuer malgré nous ce cycle de batailles sans fin et contenter ce vil Juckstar en priant pour que la divine Armanias vienne bientôt mettre fin à la guerre en y apportant une paix, je l'espère durable.

 -Vous avez raison, je dois me montrer fort.

 Il s'avança vers le corps de sa femme.

 -J'aurai tout le temps de pleurer sa mort lorsque la paix viendra enfin.

 Il posa un baiser sur les lèvres froides de sa bien aimée et lui recouvrit la tête.

 -Il faut penser à l'avenir avant tout, ajouta Hanrom.

 -Bien dit, répondit la doyenne, il vous faut  maintenant vous préparez au combat.

 -Je vais mettre un terme à ce conflit, qui n'a que trop longtemps duré, mais sans l'aide des dieux.

 Il dégaina sa longue et bonne épée au pommeau et à la garde d'or et à la lame runique.

 -Ma lame ainsi que celle de mes hommes et des autres tribus ne retournera aux fourreaux que lorsque tout le sang de nos ennemis se sera répandu sur la terre de nos ancêtres.

 Il mit son heaume en fer, se fit mettre son haubert doré ainsi que son plastron en fer travaillé et attacha sa cape en fourrures.

 -Prenez garde à vous, et protégez la vie de tous ceux qui vous suivront dans la bataille! Dit la doyenne.

 -Chef l'armée de Xanobe s'est montrée dans la forêt, il nous faut aller à sa rencontre, dit un soldat qui venait de pénétrer dans la maison du chef.

 -J'arrive, dis aux hommes de se préparer!

 -Bien.

 Hanrom regarda une dernière fois son fils qui dormait dans un berceau qu'il avait sculpté lui-même et demanda à la doyenne de veiller sur lui, puis il sortit sans se retourner. La porte claqua derrière lui et il se dirigea vers son armée d'un pas décidé. Il allait enfin mettre fin à la guerre et cet ultime assaut mené sur ses ennemis sera le dernier de sa vie. Il monta sur sa monture, qui était un massif ours blanc et auquel il avait donné pour nom Whitefury. Ses pieds entrèrent dans les étriers, puis il éperonna la bête qui marcha à l'avant de l'armée. Hanrom leva son arme et cria:

 -En avant, nous avons un combat à mener et à gagner.

L'ours partit en avant, l'armée derrière lui, Hanrom s'agrippa fermement à la selle afin de ne pas tomber et brailla un cri de guerre.